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Le Juste Prix

De potentiels clients me posent parfois la question du tarif de transformation de la laine brute pour les toisons de leurs moutons. Il me semblait nécessaire d’éclaircir ces questions pour éviter de comparer… ce qui n’est pas comparable.

 

Quand on a de la laine brute, plusieurs étapes sont nécessaires pour la rendre utilisable, que soit pour la filer, pour la feutrer ou simplement pour l’employer comme rembourrage.

 

Tout d’abord, il va s’agir de trier. En effet, toutes les parties de la toison ne peuvent convenir, même pour du simple rembourrage : on imagine facilement que la partie arrière est extrêmement souillée par les déjections, la bavette est généralement dans un état similaire et certaines parties peuvent être plus ou moins feutrées. Il ne faut pas oublier que l’animal a porté sa toison pendant une année entière, s’est roulé dans le pré et dans la bergerie, s’est couché et frotté au sol et aux arbres, etc. Tout cela donne une toison hétérogène au niveau de la qualité de laine, qu’il faut trier minutieusement, morceau par morceau, pour certaines mèche par mèche, pour arriver à dégager toutes les parties qui pourront être transformées et en ôter le maximum de débris végétaux.

 

 

Ensuite vient le lavage… Ici il ne s’agit plus d’enlever l’herbe ou la paille mais tout le suint (la graisse) et les poussières qui se sont accumulés durant toute l’année. Et il y en a ! Selon l’usage qui va suivre, je lave en eau de pluie froide (qui laisse un peu de suint facilitant le filage) ou très chaude (qui enlève toute trace graisseuse pour du rembourrage). Un pré lavage donne une eau très très foncée, chargée de terre, de gras, etc. et il faut ensuite 1 à 2 lavages (avec un peu de détergent) pour en venir à bout. Viennent ensuite 2 à 4 rinçages, selon la nécessité.

 

Parvenu à la laine bien sèche, on constate que le poids initial a été réduit de 30 à 40 % par rapport au poids de la toison brute.

 

Mais ce n’est pas fini car les étapes du cardage, du filage et du lavage final vont encore ôter de la matière… On arrive alors à un résultat final de 40 à 50 % de perte.

 

Quelle que soit la façon de faire, en centre de lavage/filature ou artisanalement, on arrive au même résultat.

 

Mais – et c’est là que je voulais en venir en écrivant cet article – les tarifs ne sont pas toujours exprimés de façon similaire. Les centres de lavage (il n’y en a plus que quelques-uns en France) vont généralement parler de prix au kg entrant, les artisans fileurs vont souvent vendre la laine au kg sortant. D’où mon laïus précédent sur la perte de poids inhérente à la préparation de la fibre.

 

Donc un peu de mathématiques : si on vous propose de filer votre laine pour 70€ le kg brut ou de vous compter 130€ le kg de laine filée, vous aurez compris qu’un peu de réflexion s’impose… C’est comme les étiquettes dans les supermarchés en fait, il faut pouvoir comparer ce qui est comparable.

 

Si vous êtes dans ce cas de figure – vouloir faire transformer les toisons de vos moutons – à vous de vous renseigner sur les différents tarifs et voir ce qui vous convient le mieux (un fil artisanal et un fil de filature n'offre pas les mêmes caractéristiques) en toute connaissance de cause.

 

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